Les demandeuses d’asile et les réfugiées face aux violences racistes, sexuelles et sexistes

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50-50 magazine | Par Pauline Larrochette | Le 03/07/2018

Depuis février 2018, des débats ont lieu autour de la loi « asile et immigration ».  A l’occasion de ces discussions, France Terre d’Asile a réalisé une étude sur le thème des violences faites aux femmes demandeuses d’asile et réfugiées en France. Cette étude a été l’occasion de dénoncer ces violences et l’insuffisance de leur prise en compte.

 

Des violences sur le territoire français

L’étude le rappelle : en France, les violences faites aux femmes sont présentes, et répandues. En 2016, 200 000 femmes ont été victimes de violences physiques, et 15 500 de violences sexuelles. Pour les demandeuses d’asile et les réfugiées, les violences ne cessent donc pas quand elles traversent la frontière française. Elles sont même des sujets particulièrement exposés aux violences, comme cela a été reconnu dès 1993 par le Haut Commissariat aux Réfugiés (HCR), qui estime désormais qu’il s’agit du problème le plus répandu dont il est saisi.

Les violences que les migrantes subissent sont encore invisibles, leurs besoins spécifiques ne sont pas pris en compte, et les problématiques propres auxquelles elles sont confrontées restent peu connues. Les femmes représentent pourtant de plus en plus de migrant.e.s : 48% des personnes migrant.e.s à travers le monde (1) ; à l’échelle française, 35% des demandeuses/demandeurs d’asile et 40.5% parmi les personnes sous protection de l’OFPRA.

Elles sont à la fois soumises à plus de facteurs de risques et à plus de difficultés dans la prévention et la protection de ces violences.

La multiplication des facteurs de violences

Les violences auxquelles sont exposées les femmes demandeuses d’asile et les migrantes naissent souvent de leur difficulté d’adaptation dans le pays de refuge : elles sont confrontées à la perte de leurs repères et de leur culture, à la barrière de la langue, et parfois au racisme et au sexisme. Ces facteurs les placent dans une situation de grand isolement, et de précarité.

Cela s’observe surtout dans les  conditions d’accueil des demandeuses d’asile et des migrantes. Du fait du manque de place dans les centres, il n’y a pas de mesures spécifiques ou de locaux spéciaux prévus pour les femmes. Le problème est parfois plus important encore, certaines femmes étant contraintes de dormir dans la rue du fait du manque de place. Cette situation les expose alors à des agressions physiques et sexuelles, ou à des situations d’exploitations sexuelles, les femmes recourant à la prostitution de survie pour manger ou avoir un endroit ou dormir : 80% des prostituées sont d’origine étrangère.

C’est pourquoi le rapport recommande de meilleures identifications, prises en compte et protections des victimes, mais surtout la mise en place d’hébergements adéquats.

L’absence de prise en charge adaptée

Les professionnel.le.s de l’asile sont souvent peu formé.e.s sur les violences de genre car il y a peu de documentation sur le sujet à leur disposition. Les campagnes de lutte contre les violences sont souvent inadaptées aux demandeuses d’asile et aux migrantes : elles ne prennent pas en compte les facteurs de risque qui exposent d’avantage ces femmes aux violences. Quelques actions d’information et de sensibilisation ont été proposées par des collectifs ou associations créées pour répondre aux cas de violences spécifiques (Kali ou le Rajfire par exemple). Ces quelques actions sont néanmoins rarement connues et donc rarement accessibles. Cette absence de transversalité pourrait être palliée par une coopération entre ces deux secteurs, mais un manque de lien est à déplorer.

Le rapport préconise donc une formation des professionnel.le.s de l’asile aux problématiques liées au genre. Parallèlement, il insiste sur l’importance d’une réelle prise en compte des femmes demandeuses d’asile  et réfugiées dans les politiques de prévention des violences basées sur le genre. Enfin, il insiste sur l’importance de la coopération entre ces deux types d’actrices/acteurs.

Rendre le pouvoir aux réfugiées

Le rapport de France Terre d’Asile met à jour l’importance de l’autonomie, de la participation des femmes et la mise en place d’initiatives portées par les demandeuses d’asile et les réfugiées elles-mêmes. Leur mobilisation autour d’un projet autonome permet la sortie des femmes de leur isolement et pallie leur manque de repères. Cela les aide également à  trouver des logements ou des compléments de revenus.

Cette réappropriation peut se faire par la participation des femmes dans la communauté d’accueil, comme tente de le faire des associations telle que Du Pain et des Roses, mais surtout par le fait de rétablir le dialogue entre ces femmes. A ce titre, une expérience menée par la Maison des Femmes de Paris,  qui proposait un échange en petits groupes sur des sujets choisis par les femmes elles-mêmes a montré que cela favorisait la libération de la parole.

Des lacunes législatives et procédurales

S’il est important de valoriser l’action des réfugié.e.s, rien ne peut être fait s’il n’existe pas un cadre législatif et administratif qui respecte leurs droits ; or il existe à plusieurs échelles des facteurs favorisant les violences. Le système Dublin (2), actuellement en vigueur, ne permet pas de protéger les femmes contre les violences. Les femmes demandeuses d’asile et migrantes ne bénéficient pas d’informations claires sur le droit en France, ou d’une aide d’interprétariat pour y avoir pleinement accès. Lorsqu’elles subissent des violences, elles ne portent pas plainte par crainte que cela ait un impact négatif sur leur demande d’asile ; ainsi, dans les Centre d’Accueil des Demandeuses/Demandeurs d’Asile (CADA), les femmes ayant subi des violences en France les minimisent. Les CADA eux-mêmes se concentrent sur ce qui a été vécu avant, et sur ce qui a poussé les femmes à partir. Il y a une volonté de traiter les violences subies « au pays », mais les violences subies en France ne sont, elles, ni traitées ni même évoquées.

Le premier pas pour remédier à ces problématiques serait donc de reconnaître et de traiter les violences vécues en France. Une action législative doit ainsi être envisagée. Le Sénat ayant adopté le 26 juin une version durcie du projet de loi Collomb, il est primordial d’interpeller l’Assemblée Nationale, qui s’apprête à examiner de nouveau cette loi qui passe sous silence les violences faites aux femmes réfugiées.

 

Photo de Une ©UNHCR/James Oatway

1 Chiffres de l’ONU, en 2015

2 Cette législation européenne, qui prévoit que les dossiers des demandeuses et demandeurs d’asile sont traitées dans le pays européen dans lequel ils arrivent favorise le renvoi des demandeur.euse.s de la France vers la Grèce et l’Italie, ou les conditions d’accueil sont critiques.

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