Pour rappel, la Déclaration universelle des droits de l’Homme a été adoptée en 1948 par l’Assemblée générale des Nations unies constituée de 58 États membres. Bien qu’à cette époque-là aucun État n’ait eu à se prononcer contre la Déclaration, huit d’entre eux se sont abstenus dont l’Arabie saoudite sous le motif de l’incompatibilité de son régime politique avec le principe d’égalité entre les femmes et les hommes tel que garanti dans la Déclaration. En matière de droits humains, ce même régime a-t-il évolué depuis pour mériter un siège à Commission de la condition de la femme des Nations unies? Sans grand effort, chacune et chacun sont en mesure de constater l’apartheid sexuel institutionnalisé par le royaume des Saoud, faisant fi de tous les textes internationaux en la matière. Certes, nous reconnaissons qu’il y a eu quelques avancées, ici et là, depuis 1948. Trop peu. Trop modestes. N’empêche que les femmes y sont toujours considérées comme des mineures à vie. Sans compter que sur la scène internationale le royaume saoudien est en grande partie responsable de la promotion d’un islam extrémiste, wahabo-salafiste, qui prône le djihad, la haine des mécréants et des juifs, la mise à mort des apostats et des homosexuels ainsi que l’emprisonnement des libres penseurs dont le plus célèbre est Raïf Badawi.

Dans ces conditions, nous ne pouvons accepter que l’Arabie saoudite soit catapultée à une commission dont le mandat principal est de garantir et de promouvoir les droits des femmes dans le monde à moins de fermer les yeux sur la nature-même de son régime. Dans ce contexte, nous nous interrogeons sur le processus qui a conduit à une telle élection. Qui sont les États qui ont voté pour garantir ce fameux siège à l’Arabie saoudite? Qu’ont-ils reçu en échange? A travers une telle complaisance, ces mêmes États réalisent-ils qu’ils bradent les droits humains et mettent en danger notre sécurité collective? Selon UN Watch, au moins cinq États de l’Union européenne (membres de l’ECOSOC) ont permis l’élection du royaume. On apprend que la Belgique en raison d’un cafouillage diplomatique est du nombre. D’ailleurs, son premier ministre regrette le vote de son pays! Mais qui sont les autres États? Est-ce la France, l’Allemagne, la Grèce, l’Italie, le Royaume-Uni, le Portugal, l’Irlande, la Suède, la République Tchèque? Nous voulons le savoir. Nous exigeons la vérité!

Alors que les femmes subissent de plein fouet les effets néfastes de la crise économique, du délitement des services publics, du virage de plus en plus autoritaire de plusieurs États et de la montée fulgurante des intégrismes religieux et des violences qu’ils charrient, nous estimons qu’il est urgent d’envoyer un message clair. Ceux qui participent à créer ces inégalités et à véhiculer ces violences ne sont pas dignes de notre confiance. Il faut, aujourd’hui plus que jamais, protéger les femmes, rendre accessibles les soins de santé et les droits sexuels et reproductifs, garantir le droit à l’éducation, à la culture et au travail, faire en sorte que les femmes puissent exercer leur citoyenneté à part entière. Nos droits ne sont pas à vendre ! Nos libertés ne sont pas négociables ! Notre dignité n’est pas à brader ! Arrêtez de nous mentir, l’Arabie saoudite n’est pas l’alliée des femmes!

Nous devons être conscients que face à la montée des extrémismes politiques et de la menace des intégrismes religieux, notre responsabilité est de défendre la démocratie et de veiller au respect des droits humains fondamentaux. Dans cette lutte, la politique des États démocratiques ne doit souffrir d’aucune incohérence, d’aucune ambigüité. On ne peut prétendre combattre un Daech sur le front du Moyen-Orient pour normaliser la venue d’un Daech bis au sein des instances onusiennes. La doctrine officielle de l’Arabie saoudite met en péril la paix des nations et la fraternité entre les peuples.

Nous demandons à nos États respectifs, la France, le Québec, le Canada et la Belgique de dénoncer l’élection de l’Arabie saoudite à la Commission de la condition de la femme des Nations unies. Nous exigeons son exclusion ainsi que celle de l’Iran de cette commission, deux pays qui pratiquent des politiques ségrégationnistes à l’endroit des filles et des femmes.

Ceux et celles qui souhaitent soutenir cette initiative sont invité.e.s à signer cette déclaration sous forme de pétition mise en ligne sur change.org. Prière de l’envoyer par courriel aux instances politiques concernées.

Personnalités Signataires

Henda Ayari (Libératrices); Daniel Baril (anthropologue); Djemila Benhabib (écrivaine); Gérard Biard (Charlie Hebdo); Danielle Bousquet (Députée honoraire); Marika Bret (Charlie Hebdo); Sérénade Chafik (Les Dorine); Laure Caille (Libres MarianneS); Martine Cerf (Égale); Geneviève Couraud (Assemblée des femmes); Catherine Coutelle (Présidente de la Délégation de l’Assemblée Nationale aux droits des femmes et à l’égalité des chances entre les hommes et les femmes); Carine Delahaie (Clara magazine); Monique Dental ( Réseau Féministe Ruptures); Bernice Dubois (Consultante internationale); Nadia el-Mabrouk (professeur UdM); Nadine Fleury (médecin); Marie-Hélène Franjou (médecin); Pierre-Yves Ginet (Femmes ici et ailleurs); Annie Laurence Godefroy (Fédération GAMS-Mutilations sexuelles féminines, Mariages forcés); André Gomar (Observatoire de la laïcité de Saint-Denis), Hassiba Idir (féministe et citoyenne laïque); Lucie Jobin (Mouvement laïque québécois); Ali Kaidi (Association québécoise des Nords-Africains); Patrick Kessel (Comité Laïcité République); Alban Ketelbuters (Doctorant en Histoire et civilisations à l’EHESS); Huguette Klein (Réussir l’égalité Femmes-Hommes); Françoise Laborde (Sénatrice de la Haute-Garonne); Françoise Laborde (Pour les femmes dans les médias ); Fatima Lalem (ancienne adjointe aux droits des femmes de Paris); André Lamoureux (Coalition laïcité Québec); Mona Latif-Ghattas (écrivaine); Christine Le Doaré (VigilantEs), Leïla Lesbet (militante féministe et laïque); Louise Mailloux (essayiste); Laurence Marchand Taillade (Forces Laïques); Françoise Morvan (Coordination française pour le Lobby Européen des Femmes); Anne-Laure Ner de Parceras (militante féministe et laïque); Alain Piot (Sociologue); Maudy Piot (Femmes pour le Dire, Femmes pour Agir); Céline Pina (Viv(r)e la République); Nicole Raffin (militante féministe et laïque); David Rand (Libres penseurs athées); Andréa Richard (écrivaine); Jocelyne Robert (écrivaine et sexologue); Michèle Roubinet-Loup (Fédération nationale Solidarité Femmes); Martine Roure (ancienne vice-présidente du parlement européen); Darya Safai (Movement Let Iranian Women Enter their Stadiums); Inna shevchenko (Femen); Sabine Salmon (Femmes solidaires); Michel Sirois (Pour les droits des femmes du Québec ); Annie Sugier (Ligue du droit international des femmes); Vivianne Teitelbaum (Conseil des Femmes francophones de Belgique), Michèle Vianès (Regards de femmes); Michel Virard (Association humanistes du Québec); Linda Weil-Curiel (Commission pour l’Abolition des Mutilations Sexuelles).

Source : http://www.levif.be/actualite/international/non-l-arabie-saoudite-ne-peut-defendre-les-droits-des-femmes-a-l-onu/article-opinion-655401.html