Ethiopie: Yegna, le groupe qui veut faire bouger la condition féminine

Partager cette publication

Leur première chanson « Abet », une mélopée douce et langoureuse, s’est hissée au top du hit-parade éthiopien et les cinq filles de Yegna (« Nous » en amharique) se sont imposées comme une référence auprès des jeunes Ethiopiennes.

Mais l’étiquette de « Spice Girls » éthiopiennes hâtivement accolée au groupe est trompeuse. Bien davantage qu’un girls band pour adolescentes, Yegna se veut avant tout un outil de sensibilisation à la condition féminine dans la société.

« Notre musique donne de la force aux filles. On leur permet de chanter et de s’exprimer », assure Teref, l’un des membres du groupe, insistant sur le sens des paroles d’« Abet », une chanson dont le message est : « Ecoutez-nous, comprenez-nous, nous avons quelque chose à dire ».

« Quand vous êtes une fille [en Ethiopie], vous ne pouvez pas poser de questions. Vous ne pouvez pas aller à l’école parce que vous devez faire la cuisine à la maison. Vous devez vous marier parce que votre père l’a décidé. Beaucoup de choses dans notre culture nous étouffent », ajoute-t-elle.

 A travers leur musique et leurs productions, les membres de Yegna affirment défendre la voix des jeunes éthiopiennes dans une société conservatrice et patriarcale avec le souci d’ouvrir un espace de conversation.

Mariages forcés, violences domestiques, excision…

Créé en 2013 avec l’aide de l’ONG britannique GirlsEffect, Yegna dénonce tous les abus que peuvent subir les filles en Ethiopie : mariages forcés, violences domestiques, excision, exclusion du système éducatif.

« L’idée était de créer cinq amies virtuelles auxquelles les filles peuvent s’identifier, explique Selome Taddesse, manager du groupe. Quand les garçons atteignent l’âge de 12 ans et qu’ils restent à la maison, on les pousse à aller dehors. Pour les filles, on essaye au contraire de les retenir l’intérieur, pour aider aux tâches domestiques ou de peur qu’il leur arrive quelque chose. Cela créé un sentiment d’isolement », ajoute-t-elle.

Chacune des filles de Yegna, recrutées parmi un casting de comédiennes, incarne un personnage différent. Mimi, la fille des rues ; Sara, l’étudiante modèle ; Lemlem, accablée par les tâches domestiques ; Emuye qui subit un père violent et alcoolique ; et Melat, une jeune fille isolée, en mal d’amitié.

Un feuilleton radiophonique à succès

En dehors de la scène, Yegna produit un feuilleton radiophonique diffusé chaque semaine sur des radios locales. Les scénaristes font des séjours réguliers dans les villages éthiopiens pour mettre en onde les problèmes rencontrés par les personnages.

« Des millions de filles écoutent cette série radio et nous essayons de leur montrer que le problème ne vient pas d’elles, mais de la société et que nous devons le résoudre tous ensemble », explique Lemlet alias Mimi, lors d’une séance d’enregistrement à Addis-Abeba.

A la fin de chaque épisode, un débat aborde les thèmes du jour. L’émission revendique un million d’auditeurs. Des clubs d’auditeurs se réunissent toutes les semaines pour écouter la série.

« Certaines avaient monté leur propre groupe »

Source : All Africa

Une réponse sur « Ethiopie: Yegna, le groupe qui veut faire bouger la condition féminine »

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *


Plus à explorer

Nos événements

HAPPENING – 2 MAR S 2024 -Non à la médicalisation de l’excision- Paris

Une cinquantaine d’associations militantes, fédérées par Diaryatou Bah, fondatrice d’« Espoirs et combats de femmes » se sont données rendez-vous le samedi 2 mars à 14h30 devant la Mairie du 20ème arrondissement de Paris, pour unir les forces et les voix contre les mutilations sexuelles féminines et leur médicalisation.
Cet événement venait clôturé la campagne de sensibilisation « Non à la médicalisation de l’excision ! » lancée sur les réseaux sociaux le 6 février 2024 et rejointe par de nombreuses associations et personnalités de premier plan. Plusieurs d’entre elles se sont exprimées lors de ce rassemblement, pour alerter et informer contre des pratiques qui perdurent et dont le recul est menacé par le recours à la médicalisation.