Les filles, victimes collatérales de la pandémie de Covid-19

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Le 2 Octobre dernier, la journaliste Claire Sejournet à mis en avant certaines conséquences post Covid-19, comme la fermeture des écoles et ce qu’elle engendre. Un très bel article qui englobe des sujet  comme la déscolarisation, le mariage forcé et précoce ainsi que les grossesses précoces. Nous vous proposons de le lire ci-dessous. 

 

Alors que la pandémie de Covid-19 continue de sévir à travers le monde, les filles sont les grandes oubliées de cette crise sanitaire mondiale. Dans de nombreux pays en développement, éloignées du système scolaire à cause des écoles fermées, elles risquent de ne jamais retourner en classe. Leur déscolarisation marque un recul dans la protection de leurs droits.

Fin août, alors que la rentrée se profilait en Europe, l’année scolaire aurait dû battre son plein sur le continent africain. Il n’en était rien, ainsi que le révèle une enquête de l’OMS : portant sur 39 pays d’Afrique subsaharienne, elle pointe que « les écoles sont entièrement ouvertes dans six pays seulement. Elles sont fermées dans 14 pays et partiellement ouvertes (pour les classes d’examen) dans 19 autres ».

La situation n’est pas meilleure à l’échelle de la planète. Selon l’ONG britannique Save the Children, en 2020, 90% des enfants et étudiants ont été privés d’école à cause des mesures prises pour éviter la propagation du virus. Eloignées contre leur gré du système scolaire, de très nombreuses filles voient leur avenir s’obscurcir.

Sans école, le risque de mariage forcé et de grossesse précoce augmente

Avant la pandémie de Covid-19, elles étaient déjà 130 millions à ne pas aller à l’école à travers le monde. Selon l’Unesco, moins de 40 % des pays ont atteint la parité filles-garçons dans l’éducation et seuls 39% des pays affichent des proportions égales de filles et de garçons inscrits dans l’enseignement secondaire.

Outre l’intérêt d’une population éduquée pour le développement des pays, la scolarisation des filles est une manière de les protéger contre les mariages forcés et les grossesses précoces. Le risque est réel. Dans un appel commun pour la réouverture des écoles sur le continent africain, l’Unicef et l’OMS rappellent le cas du Sierra Leone en 2014 : « à la suite des fermetures d’écoles déclenchées par l’épidémie d’Ebola en Afrique de l’Ouest en 2014, les taux de grossesse chez les adolescentes en Sierra Leone ont doublé et de nombreuses filles n’ont pas pu poursuivre leurs études lorsque les écoles ont rouvert ».

Chaque année à travers le monde, 12 millions de filles sont mariées avant l’âge de 18 ans rappelle l’Unicef, et « environ 12 millions de jeunes filles âgées de 15 à 19 ans et au moins 777 000 jeunes filles âgées de moins de 15 ans » deviennent mères selon l’OMS. 117 pays à travers le monde autorisent les mariages de mineures et lorsqu’elles tombent enceintes, rares sont les filles qui réussissent à continuer leurs études. L’Afrique sub-saharienne est de loin le continent le plus concerné par cette question des grossesses précoces, mais l’Asie du Sud-Est n’est pas épargnée. De même, c’est sur le continent africain qu’il y a le plus haut taux de mariage de mineurs : 35% des femmes sont mariées avant leurs 18 ans, contre 30% en Asie du Sud-Est et 24% en Amérique Latine et dans les Caraïbes.

Sans école, des risques de violences multipliés

Le risque de mariage forcé et les grossesses précoces ne sont pas les seuls risques qui pèsent sur les filles déscolarisées. Sans accès à des moyens de contraception, les risques de grossesses non désirées se sont multipliés. De plus, le Fonds des Nations Unies pour la population (UNFPA) estime que des millions de cas supplémentaires de violence et de mutilations génitales sont à prévoir à cause de la pandémie de Covid-19. Les filles ne pouvant pas s’extraire de leur milieu familial, elles ne peuvent pas s’éloigner de leurs agresseurs.

Les répercussions ne se limiteront pas à l’année 2020 : c’est tout le programme de prévention des risques et d’alerte qui est mis à mal par les restrictions liées à la pandémie. Selon l’UNFPA, les conséquences pour les droits et la santé des filles et des femmes s’étaleront sur la prochaine décennie.

Autre forme de violence, qui concerne également les garçons : le retour de la malnutrition, notamment en Afrique. Pour beaucoup d’élèves, l’école était aussi la garantie d’avoir un repas quotidien. En l’absence de cours, « plus de 10 millions d’enfants manquent les repas scolaires » s’inquiète l’Unicef.

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