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Bien que l’intention de pénaliser les certificats de virginité soit saluée, certains soignants s’y opposent et rappellent la «détresse» de certaines jeunes femmes musulmanes qui en font la demande.
L’exécutif a annoncé son intention de pénaliser la pratique controversée du certificat de virginité, comme le réclame la communauté internationale médicale, mais des médecins de Seine-Saint-Denis s’y opposent, invoquant la «détresse» de certaines jeunes filles de familles musulmanes. Si le collège national des gynécologues français (CNGOF), à l’instar de l’Ordre des médecins et de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), prône l’interdiction de ces certificats parfois réclamés avant un mariage religieux, des médecins de terrain y voient à l’opposé une manière de «protéger» les jeunes filles. Et insistent sur la faible ampleur du phénomène.
«Évidemment, nous sommes tous contre le certificat de virginité ! La problématique, ce n’est pas le certificat mais la fille en détresse qui vient le demander. Si on ne lui donne pas de certificat, elle sera examinée par une matrone et devra de toute façon se justifier», souligne le Dr Claude Rosenthal, président de Gynécologie sans frontières. «On ne s’en sortira pas à coups de législation mais à coups d’éducation», estime Emmanuelle Piet, médecin en Seine-Saint-Denis et présidente du Collectif féministe contre le viol. «Depuis 50 ans», elle délivre «quatre à cinq certificats par an» en moyenne.
«Ce n’est pas le certificat qui les aide, c’est surtout un moyen de lever la pression de la famille, et ça peut aussi permettre de faire un signalement au procureur. Ça m’est arrivé pour une jeune fille que ses parents voulaient renvoyer au pays pour la marier», relate-t-elle. «Il y a aussi les filles qu’on a camouflées et aidées à quitter leur famille», explique cette femme engagée, membre du Haut conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes. À ses yeux, l’interdiction de ces certificats constitue une «imbécillité». «Je n’arrive même pas à comprendre la logique : seuls 0,3% des auteurs de viol sont condamnés et on va pénaliser les collègues qui aident les filles, c’est dingue!», s’agace-t-elle. «En France, 125.000 femmes sont sexuellement mutilées et il y a 40 procès par an», ajoute-t-elle, invitant le gouvernement à se pencher sur les «vrais problèmes».
«Parchemins humiliants»
Aujourd’hui à la retraite, le Dr Rosentahl indique avoir délivré dans sa carrière deux certificats de ce type à des adolescentes lorsqu’il exerçait à Brive-la-Gaillarde (Corrèze).Il estime que la future pénalisation des médecins est une «honte». «On revient en arrière, c’est comme si on pénalisait l’avortement. On ne verra plus en consultation ces filles qui ont besoin d’aide», craint-il, rappelant que la question des mariages précoces touche 15 à 20.000 jeunes filles par an.
La position de ces soignants est aux antipodes de celle du Collège national des gynécologues et obstétriciens français, qui prône depuis plusieurs années l’interdiction de ces «parchemins humiliants» pour les femmes. «Certains collègues le font soi-disant pour protéger les femmes, ou parfois pour de l’argent, ou parce que le patriarcat leur convient bien», regrette Israël Nisand, son président. «S’il n’y a plus personne pour établir un tel certificat», les femmes qui le réclament «ne subiront pas de violences», estime le gynécologue, qui se réjouit toutefois que cette «pratique soit devenue rare».
Sage-femme depuis onze ans en Seine-Saint-Denis, Mathilde Delespine n’a jamais été confrontée au sujet. «La question de l’injonction à la virginité, avec cet impératif de la tache de sang sur le drap – pas seulement dans la communauté musulmane d’ailleurs – revient très souvent en consultation, mais on ne m’a jamais demandé de certificat», explique-t-elle. Référente «violences intra-familiales» à la Maison des femmes de Saint-Denis, elle ajoute n’avoir «jamais entendu parler d’un quelconque business lié à ces certificats».
Comme elle, la gynécologue Ghada Hatem, fondatrice de cette Maison des femmes, a estimé dans les médias que l’interdiction de ces certificats «n’avait pas de sens». Pour Mathilde Delespine, il s’agit d’«un débat politicien, stérile, qui va stigmatiser une partie de la population et des soignants». «Pénaliser les soignants est même une injure et une provocation, vu le contexte sanitaire actuel. L’hôpital est exsangue et des gynécos sont morts du Covid», souffle-t-elle.
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