LUTTE CONTRE L’EXCISION
Une conseillère municipale prise en flagrant délit
Publié le mercredi 12 septembre 2012
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En dépit des multiples actions pour condamner la pratique de l’excision, il est des gens qui ne se sentent nullement concernés. C’est exactement le cas de cette exciseuse du village de Manego et des mères des victimes, toutes originaires de la commune de Gomponsom, située à 12 km de Yako. Une descente conjointe de la police et des agents de l’Action sociale de Yako dans la journée du 10 septembre dans ledit village a permis de mettre aux arrêts cette exciseuse qui dit ignorer les dispositions juridiques sur la pratique de l’excision.
Suite à un coup de fil de l’Association pour le soutien aux personnes vulnérables (ASPB) de Yako, la Direction provinciale de l’Action sociale et de la solidarité nationale (DPASSN) du Passoré accompagnée de la Police nationale s’est déportée très tôt dans la matinée du lundi 10 septembre 2012, dans le village de Zougoungou. Malgré leurs multiples questions pour contrer à temps l’irréparable, ces protecteurs des fillettes feront face à un mutisme irresponsable des populations sur place. D’ailleurs, précise M. Abdoulaye Soro de la DPASSN, le lieu de l’opération avait été changé, les auteurs ayant flairé un danger. C’est finalement à Manego que l’exciseuse, la coordonnatrice principale de cette basse besogne, conseillère municipale de son état et les mères des victimes se sont accordées pour passer à l’acte. Face donc à la solidarité rétrograde de leurs interlocuteurs, les agents de l’Action sociale mettront du temps avant de confirmer leur information. C’est finalement autour de 13h, dans la cour de Rasmané K. Rabdo, qu’ils découvriront dans l’horreur, le sang des multiples victimes : 10 ce jour, selon les informations recueillies sur place. Mais, en plus de l’auteur qui dit détenir la technique de sa grand-mère, ce sont seulement trois fillettes de 3 à 5 ans que les agents verront dans le village, les autres, aidées par leurs mères, s’étant déjà évanouies dans la nature. Dans la vaste cour du vieux Rabdo qui assure n’avoir jamais été informé d’une telle pratique, quatre filles en cicatrisation ont été excisées. Interrogées sur les mobiles de leur acte, les mères des trois victimes ramenées au CMA de Yako assurent « perpétuer la coutume » tout en confessant que « leurs maris n’ont jamais été prévenus », avant de marteler qu’elles n’ont jamais su que la loi condamne la pratique de l’excision. Selon les renseignements obtenus par la DPASSN, l’exciseuse serait une spécialiste de la pratique de l’excision dans la zone. En effet, pas plus que la semaine d’avant, sept autres fillettes ont subi la loi de ses lames sauvages avec malheureusement un décès d’une d’entre elles à Ouahigouya le 7 septembre 2012, des suites de complications. L’exciseuse bénéficierait de la complicité de la conseillère municipale et de la gérante du dépôt pharmaceutique de Zougoungou. Quant aux victimes, elles viendraient de plusieurs villages de la commune. Le DPASSN du Passoré, Bertrand Bonzi que nous avons retrouvé au CMA, était dans une consternation profonde, manquant parfois de mots pour dénoncer une telle forfaiture. Sans être surpris de cette découverte macabre, (le Passoré a un taux de prévalence de 68 à 69% en matière de pratique d’excision), M. Bonzi a soutenu que c’est un affront fait à la loi qu’il faut davantage combattre malgré l’intensification et l’extension jusqu’au dernier hameau de la lutte. Tout en remerciant l’ASPB pour sa franche collaboration, M. Bonzi a lancé un appel pressant aux populations, surtout de la commune de Gomponsom où la saison pluvieuse semble propice à la pratique rétrograde, à saisir ses services au numéro vert 80 00 11 12 à toutes fins utiles. Au moment où nous quittions le CMA, les trois victimes (Félicité, Samira et Nafisséta) étaient toujours en visite médicale par le Dr Méda et l’exciseuse, elle, attendait son procès-verbal de transfèrement à la MACY(Maison d’arrêt et de correction de Yako) dans les locaux de la Police.