Des théories les plus irréalistes ont permis à toutes les formes de mutilations sexuelles féminines connues de traverser solidement les siècles. Pour justifier ces pratiques, certaines sociétés ont fait preuve d’imagination à une échelle plus fétide que fertile, celles qui ont servi de terreaux à ces pratiques ont toutes agi par l’oppression et le mépris de la gente féminine. Physiques comme moraux, ces différents asservissements se sont exprimés dans un cycle de barbaries intolérables qui n’honore pas la race humaine encore moins la phallocratie rétrograde qui les a institué.
Vers une définition et une classification des mutilations sexuelles féminines
La notion de « mutilations sexuelles féminines » cible toutes les pratiques qui procèdent à sectionner un ou plusieurs éléments des organes féminins externes, ou à l’altération des organes génitaux féminins pour des raisons autres que médicales.
Couteau d’excision.
Les spécialistes s’accordent aujourd’hui sur trois types de mutilations qui se caractérisent par l’ablation partielle ou totale du clitoris et/ou du prépuce (clitoridectomie) ; l’ablation partielle ou totale du clitoris et des petites lèvres, avec ou sans excision des grandes et/ou petites lèvres (excision) et, pour finir, la constriction de l’orifice vaginal avec création d’une fermeture réalisée par la coupure et le repositionnement des petites lèvres et/ou des grandes lèvres, avec ou sans excision du clitoris (infibulation).
Abstraction faite de la description détaillée d’acte de cruautés sans anesthésie, ces définitions montrent, à tout point de vue, l’étendue de l’atrocité réservée aux femmes dans les sociétés porte-étendard de ces pratiques d’un autre temps.
Rasez-moi ce phallus que je ne saurai voir.
Pour légitimer ces effroyables usages, les adeptes des mutilations sexuelles féminines, durant des siècles, après avoir préalablement opéré une hiérarchisation des sexes entre fort pour les hommes et faible pour les femmes, ont entrepris d’écarter toutes les tendances qui placeraient les deux genres sur un même piédestal. Pour ce faire, une des théories a consisté à voir dans le clitoris, un appendice qui s’assimilerait à un phallus, attribut naturel essentiellement masculin. « La femme n’est pas l’égale de l’homme et ne le sera jamais ». Il fut donc tout aisé de s’attaquer au « bout qui dépasse », pour certains, ou à la petite queue qui « gène »pendant les rapports sexuels, pour d’autres. Certaines autres civilisations, encore plus misogynes, avanceront une régulation du « trop plein » de libido féminine. Le clitoris étant considéré, pour leur imagination bien trop perverse, comme l’organe qui décuplerait l’envie sexuelle de la femme de sorte à la prédisposer à l’infidélité ou à l’adultère.
« Soft » ou « light », l’excision n’en demeure pas moins rustique.
Une nouvelle tendance dans la pratique de l’excision dite « conciliante » a vu le jour et, dès lors, s’est institutionnalisée dans certains pays. Il s’agit d’une variante qui se targue de permettre un juste milieu entre respect des traditions (Oh combien nécessaire !) et exigence sanitaire. C’est le cas de l’étrange réglementation adoptée en 2010 en Indonésie qui, sous la pression religieuse et populaire, réduit l’acte d’excision en un « simple » « frottage du capuchon clitoridien». Même en considérant ce procédé largement symbolique, il n’est pas exempte de mutilation encore moins de non respect du droit de la femme de disposer librement de son corps. La moindre entaille, aussi mineure qu’elle puisse être, concoure toujours à faire croire aux populations que le clitoris demeure « le problème » et donc avec lui la femme.
Il ne serait pas vain aujourd’hui de reconnaître la quasi inexistence de contre communication sur les prétextes qui soutiennent les mutilations sexuelles féminines. Démasquer seulement ces impostures ne suffirait pas. Il s’agit de pouvoir faire comprendre à toutes ces populations, les astuces par lesquelles on a abusé de leur extrême crédulité pour pérenniser une pratique fondée sur une « utilité hautement sociale » qui est l’asservissement de la femme, et qui, une fois de plus, participe à la condamner à ce que son corps et sa vie ne lui appartiennent pas, mais à la société et l’homme.
Solo Niaré
Source : wonk.mondoblog