Ma-grande-taille.com | Le 12/08/2021
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Le rapport 2021 de l’ONU intitulé « Mon corps m’appartient » souligne des faits plus qu’inquiétants. Grâce à une enquête réalisée sur 57 pays, on observe que près d’une femme sur deux est privée du droit d’autonomie et d’autodétermination. Dans ce document, le droit à disposer de son corps est déterminé sur trois niveaux : il s’agit d’une mesure de pouvoir décisionnel des femmes en matière de santé, de contraception et de sexualité. Les résultats montrent que nous ne sommes pas toutes égales face à notre intimité.
Mutilations sexuelles, mariages forcés, droits reproductifs
Le corps des femmes ne leur appartient pas toujours, ni partout. C’est ce qu’a démontré le rapport « L’État de la population mondiale 2021 », publié en avril dernier par le Fonds des Nations Unies pour la population (UNFPA). Ce document annuel sur l’état de la population mondiale a étudié pour la première fois l’autonomie corporelle des femmes. Les 57 pays concernés par l’étude sont caractérisés comme des pays à faibles revenus ou « en voie de développement ». Ils sont essentiellement situés en Afrique, en Asie, en Amérique du Sud et en Amérique centrale, mais aussi en Ukraine et en Arménie.
Le document détaillé, disponible en plusieurs langues, prend en compte aussi bien les relations sexuelles que la contraception ou la recherche de soins de santé. Il mesure alors les pouvoirs de décision des femmes, dans le cas des mutilations sexuelles, des droits reproductifs, des mariages, des relations sexuelles, de la stérilisation et des tests de virginité. Le rapport se penche aussi sur l’interdiction qu’ont certaines femmes à décider pour leur propre corps, sans crainte de violences ou sans subir une décision de quelqu’un d’autre concernant leur intégrité physique.
« Leur existence est gouvernée par d’autres personnes »
Les chiffres sont alarmants : en 2021, il existe vingt pays ou territoires qui ont établi des lois permettant à un violeur de se marier avec sa victime afin d’échapper à des poursuites judiciaires. C’est le cas notamment de la Thaïlande, de l’Iraq ou encore de la Bolivie. 43 États n’ont pas établi de législation sur les viols conjugaux.
On apprend également que plus de trente pays imposent des restrictions aux mouvements des femmes hors de leur domicile.
« Le fait que près de la moitié des femmes ne peuvent toujours pas décider de façon autonome d’avoir ou non un rapport sexuel, d’avoir recours à la contraception ou de se faire soigner devrait susciter l’indignation générale. Cela signifie que des centaines de millions de femmes et de filles dans le monde ne sont pas maîtres de leur corps, et que leur existence est gouvernée par d’autres personnes », déclare la Dr Natalia Kanem, Directrice exécutive de l’UNFPA.
De graves conséquences sur les femmes et nos sociétés
Si la violation du principe d’autonomie corporelle fait subir de graves préjudices aux femmes et aux filles concernées, elle a aussi de lourdes conséquences à plus grande échelle. C’est toute la société qui en pâtit. Cela peut en effet freiner la productivité économique ou encore engendrer des coûts supplémentaires pour les systèmes judiciaires et de santé.
En ce sens, le rapport souligne que ce faible degré d’autonomie corporelle et « les pertes qui en découlent en matière de capacités humaines peuvent nuire à la stabilité et à la résilience sociales ». Ceci prive les sociétés des moyens nécessaires pour surmonter les crises, comme celles de la pandémie de COVID-19, par exemple.
« Inversement, une femme qui a le contrôle de son corps a plus de chances de mieux maîtriser d’autres aspects de sa vie. Non seulement elle gagne en autonomie, mais elle jouit aussi d’une meilleure santé, d’une meilleure éducation, de revenus plus élevés et d’une sécurité accrue. Elle a plus de chances de s’épanouir, et sa famille également dans la société », ajoute la Dr Natalia Kanem.
Une femme est considérée comme indépendante si elle décide dans chacune des trois catégories
Le rapport onusien note que l’Afrique est le continent le plus touché par ces inégalités des sexes. En Afrique subsaharienne, ce sont ainsi seulement environ 50 % des femmes qui prennent des décisions autonomes. Dans trois de ses pays – Mali, Niger et Sénégal – elles sont moins de 10 %.
Sur les trois dimensions principales étudiées (sexualité, contraception et soins de santé), le rapport précise « qu’un pourcentage élevé dans une dimension ne signifie pas automatiquement des pourcentages élevés dans les deux autres. Au Mali, par exemple, 77 % des femmes prennent des décisions indépendantes ou conjointes sur l’utilisation des contraceptifs. Mais elles ne sont que 22 % à pouvoir faire de même en ce qui concerne les soins de santé ».
Autrement dit, seules les femmes qui peuvent décider d’elles-mêmes dans chacune des trois dimensions de l’étude sont considérées comme indépendantes. Au regard des données particulièrement inquiétantes qu’affichent certains pays, le compte est encore loin…