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Source : Article de Florence Méréo pour Le Parisien
Comment convaincre des exciseuses d’arrêter de mutiler des fillettes en Afrique ? Leur proposer un métier. C’est ce que fait une jeune entrepreneuse qui promeut aujourd’hui son projet à Paris.
Paris (XXe), hier. Adeline Faure propose des vêtements mélangeant matières occidentales et africaines. Avec l’association de lutte contre l’excision Acza, elle va envoyer des machines à coudre en Côte d’Ivoire et apprendre un nouveau métier à des exciseuses avant — qui sait ? — d’employer certaines d’entre elles pour ses créations.
Maîtriser une machine à coudre. Couper droit un tissu. Savoir réaliser la bonne retouche. Dans le nord de la Côte d’Ivoire, elles sont des dizaines à être actuellement formées à leur nouveau métier de couturière. Une étonnante reconversion pour ces femmes qui, il y a peu de temps encore, pratiquaient.
.. l’excision. Et qui, demain, deviendront peut-être des futurs talents de la mode, sous la houlette d’Adeline Faure, à l’origine de cet incroyable projet, qui participe depuis hier à l’événement organisé à la mairie du XXe arrondissement de Paris autour de l’exposition « Excision, ma façon de dire non ! »*
Dans l’atelier lumineux de cette jeune entrepreneuse de Saint-Malo (Ille-et-Vilaine), les grosses bobines de fil copinent avec les stocks de tissus ensoleillés. Il y a deux ans, Adeline Faure installait là son entreprise de mode, élégant métissage de matières occidentales et africaines. C’est sur le continent noir, où elle a passé plusieurs mois une fois son BTS (spécialité tailleur) en poche, que la chef d’entreprise de 29 ans puise son inspiration pour confectionner capelines, manteaux et robes chics.
C’est là aussi qu’elle a décidé de créer une activité d’un genre nouveau, entre humanitaire et business. « L’excision est un rituel pratiqué par les femmes. C’est un métier pour elles : les exciseuses sont payées et font vivre des familles, voire des villages entiers, avec cet argent. Aller sur place et dire que c’est mal n’est pas suffisant et ne prend pas en compte cette dimension économique. Mon idée est de leur proposer une nouvelle activité, plus rémunératrice, plus valorisante pour elles, aussi », explique Adeline Faure.
Avec l’association de lutte contre l’excision Acza, elle s’apprête à envoyer en Côte d’Ivoire — où cette tradition qui consiste à mutiler une partie des organes génitaux des fillettes reste ancrée — un lot de seize machines à coudre. « La prochaine étape est de leur apprendre à réaliser et à suivre des patrons. Bref, d’en faire de vraies pros de la mode », reprend Adeline Faure, qui a déjà prévu la suite : intégrer à ses propres créations les modèles réalisés par ces anciennes exciseuses et les proposer à la vente dans son atelier malouin et sur Internet (www.entredeuxrives-afc.com). Sur ses grandes étagères, la profusion de livres lui permet de continuer à s’imprégner des codes de l’Afrique de l’Ouest, déjà bien familiers. « J’ai grandi au son des récits d’aventure de mes aïeux », confesse cette arrière-petite-fille de pasteurs missionnaires au Gabon et au Togo, dont l’un d’eux fut collaborateur du célèbre professeur Albert Schweitzer.
« On est dans une relation équilibrée. Elles m’apportent leur savoir-faire, leurs matières légères. Et moi, je leur propose une reconversion pérenne », résume l’énergique brunette, qui a eu le culot de solliciter toutes les ministres du gouvernement pour l’aider à promouvoir son projet en portant une de ses créations. Isabelle Gillette-Faye, la directrice du Gams, le Groupe d’abolition des mutilations sexuelles, s’enthousiasme : « C’est une véritable émancipation pour ces femmes. Elles ont là un nouvel outil de travail qui leur permet d’abandonner le couteau. »
* « Excision, ma façon de dire non ! », de 9 heures à 18 heures à la mairie du XX e arrondissement de Paris
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Une réponse sur « La belle idée d'Adeline contre l'excision »
Doucement mais sûrement nous avançons ! Bravo ! avec toutes ces bonnes volontés et des engagements de plus en plus fort et nombreux contre l’excision, elle ne peut que reculer et finir par s’éteindre ; C’est notre vœux le plus cher.