En Inde, les vendeurs de chapiteaux de mariages s’unissent pour lutter contre les unions précoces

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Par Au féminin.com | Laure Gautherin | Le 11 mai 2016

 

Parce que le gouvernement et les lois interdisant pourtant cette pratique n’empêchent pas des milliers de filles d’en être victimes, des commerçants d’un Etat parmi les plus concernés par ce fléau en Inde ont décidé d’agir et de ne plus traiter avec les familles organisant le mariage d’une mineure. Parce que chaque petite action compte.

L’Inde a depuis des années interdit les mariages précoces, fixant l’âge minimum pour une union à 18 ans pour les filles et 21 ans pour les hommes. Malgré tout, cette pratique très ancrée dans la tradition perdure, notamment dans les régions les plus pauvres, comme l’état du Rajasthan où les ONG estiment qu’elle concerne encore aujourd’hui plus de la moitié des mineures, jusqu’à 65% selon certaines. La loi ne parvenant pas à décourager les familles et les associations, pourtant nombreuses et actives, ne pouvant être présentes sur tous les fronts, une surprenante partie de la population a décidé de prendre à son tour les choses en main.

​Les fournisseurs de chapiteaux de mariage membres de la Tent Dealers Welfare Samiti, association qui regroupe pas moins de 9 000 vendeurs spécialisés dans ce commerce, ont en effet instaurer une règle très simple pour repérer les cas de mariages précoces. A chaque demande de service, ils exigent le certificat de naissance de la future mariée et, s’ils découvrent qu’elle est mineure, tentent de raisonner avec ses parents ou préviennent les autorités. « Nous voulons montrer aux gens que c’est mal et qu’ils ne devraient pas faire ça, explique Ravi Jindal, président de l’organisation, à la Fondation Thomas Reuters. Nous les signalons auprès de la police et du chef du village pour qu’ils interviennent et fassent pression sur la famille pour qu’elle renonce.« 

​D’après lui, 80 noces de ce genre ont pu être empêchées ces deux dernières années grâce à la mobilisation de ces marchands. Cela peut sembler peu au vu de l’ampleur du phénomène dans cet état mais chaque action, aussi petite soit-elle, compte lorsqu’il s’agit d’éviter à des jeunes filles d’être privées d’éducation, de leur indépendance et de leur avenir. Et peut-être ce mouvement inspirera d’autres commerçants impliqués dans l’organisation de cérémonies nuptiales, qui représentent un véritable business dans ce pays où même les familles les plus pauvres se ruinent pour les organiser, de faire de même et d’accroître ainsi les chances de mettre fin à cette odieuse pratique.

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